L'oeil de Jeremy

18Mai/16Off

L’erreur de l’EI

Selon un spécialiste de l'islamisme, "l’histoire retiendra que la défaite de l’Etat islamique a eu lieu le 13 novembre 2015 à Paris", car désormais, tout le monde se mobilisera pour lutter contre l'EI. Kader Abderrahim, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste du Maghreb et de l’islamisme, s'est exprimé lundi lors d'une interview accordée à Sputnik en estimant que l'EI "a commis une grosse erreur stratégique". En effet, le spécialiste a expliqué son opinion par le fait que le groupe terroriste s'était attaqué "à la jeunesse de manière complètement aveugle, parce que parmi les victimes du vendredi soir il y avait de tout. C’est tout l’ensemble de la jeunesse qui a été fauché". Or, c'est exactement pour cela que M. Abderrahim suppose, que les peuples des différents Etats seront d'ores et déjà unanimes sur les questions concernant la lutte contre les djihadistes. "La mobilisation contre l’Etat Islamique va être massive, importante et va concerner tout le monde et je crois que cette fois-ci personne ne va critiquer ou contester l’idée que tous doivent se mobiliser pour combattre l’Etat islamique", estime-t-il. Pour lui, les évènements tragiques du 13 novembre à Paris pousseront les gens à s'unir pour venir à bout de l'une des plus grandes menaces pour la sécurité mondiale qu’est le djihadisme islamique dont les idéologies n’ont rien à voir avec l’islam. D'après sa vision plutôt positive, la date du 13 novembre deviendra le jour de la "défaite de l’Etat islamique". Plusieurs fusillades et attentats-suicides quasi simultanés ont visé six points de Paris et sa proche banlieue le 13 novembre 2015. Trois explosions se sont produites aux abords du Stade de France, lors d'un match amical France-Allemagne qui se déroulait en présence du président François Hollande. L'attaque la plus meurtrière a frappé la salle de concert du Bataclan, où les terroristes ont tiré à bout portant sur la foule. Le groupe terroriste Etat islamique a revendiqué les attaques.

Taggé comme: , , Commentaires
18Mai/16Off

Dissoudre les mosquées radicales

Bernard Cazeneuve a annoncé qu’il souhaitait la dissolution des mosquées où sont tenus des discours radicaux. Cette mesure, encouragée par les instances du culte musulman, pose cependant de nombreuses questions. Deux jours après les attentats de Paris, et alors que l’état d’urgence est instauré en France, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a affirmé vouloir la "dissolution" des mosquées radicales, une mesure qui viendrait s’ajouter à l’expulsion des imams qui appellent à la violence et prêchent la haine. Il a précisé qu’une disposition en ce sens serait prochainement étudiée en conseil des ministres. "Je n'ai pas attendu l'état d'urgence pour traquer les imams radicalisés qui prêchent la haine", a ainsi affirmé le ministre, invité du 20 heures de France 2, dimanche 15 novembre. "L'état d'urgence, c'est la volonté, à travers la prorogation et la révision de la loi de 1955, de pouvoir de façon ferme et déterminée procéder à l'expulsion de ceux qui doivent être expulsés parce qu'ils prêchent la haine en France, qu'ils ont été engagés ou dont on soupçonne l'engagement dans des actions à caractère terroriste", a-t-il poursuivi. Si la mesure est accueillie de manière favorable chez les musulmans de France, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur son application. "Bien entendu, je suis favorable à la lutte contre le radicalisme et à toute forme d’appel à la haine, mais cela va être très difficile", observe ainsi Tareq Oubrou, grand imam de la mosquée de Bordeaux. "Les appels à la haine ou à la violence tombent déjà en théorie sous le coup de la loi", rappelle-t-il. "Si c’est de cela qu’il s’agit, pourquoi avoir attendu jusqu’à maintenant pour agir contre les auteurs de ces discours ?", interroge le religieux, auteur de "Profession imam" (2009, Albin Michel). Interrogé à ce propos, Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), salue le travail de prévention, souvent difficile, effectué par les imams de l’immense majorité des 2 500 lieux de culte en France. Il rappelle que le gouvernement, avec lequel le CFCM est en lien sur ces questions, lutte déjà de longue date contre la radicalisation, assurant qu’il y a régulièrement des expulsions d’imams. "À ce jour, 80 à 100 mosquées en France pourraient être concernées, c'est-à-dire qu’on pourrait les classifier comme radicales", explique-t-il, soulignant qu’elles sont bien connues du ministère de l’Intérieur. "Nous sommes dans un État de droit, on ne peut prendre des mesures que contre des personnes tenant des propos qui tombent sous le coup d’une loi", souligne-t-il. "Bien entendu, l’appel à la guerre sainte ou au non respect des lois doit être fermement combattu", renchérit Amar Lasfar, président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). "Mais sur ces questions, il est difficile de savoir où placer le curseur", explique l’imam. Tareq Oubrou observe ainsi que d’autres propos, intégristes notamment, pourraient être qualifiés de "radicaux" sans être illégaux. Comme, par exemple, les déclarations de l'imam de Brest qui, en 2014, expliquait à des enfants que "la musique est la créature du diable". Ces paroles n'appellent pas à la haine ni à la violence et relèvent juridiquement "de la liberté d’expression, d’une différence de point de vue", explique Tareq Oubrou. "Pour quels motifs pourrait-on les interdire ?", se demande-t-il. Le religieux, habitué des médias, raconte par exemple être lui-même en désaccord avec d’autres imams qui prêchent la méfiance envers la société française ou ceux dont les enseignements ne sont fait que d’interdits. "Mais est-ce illégal ou dangereux ?", poursuit-il. Reste à savoir également ce que signifie concrètement une telle mesure et comment l’appliquer. Amar Lasfar estime ainsi que le mot dissoudre est "inapproprié". "Qu’est-ce que cela signifie, dissoudre une mosquée ? La fermer ?", interroge-t-il. "On dissout une association. Or, une mosquée est un lieu de rencontre et de rassemblement pour les fidèles", rappelle-t-il. Anouar Kbibech est du même avis sur ce point et appelle à la "prudence" dans l’application de cette mesure. "Ce sont des personnes physiques qui doivent être concernées, et il ne faut pas pénaliser les fidèles d’une mosquée parce qu’un imam a tenu un discours de haine", observe-t-il. Pour l’imam de Bordeaux cette annonce "vise avant tout à rassurer les concitoyens et c’est compréhensible". "Mais la radicalisation, ce n’est pas dans les mosquées qu’il faut la chercher". Nombre de jihadistes se sont en effet radicalisés en marge des lieux de culte, parfois des associations, mais souvent et surtout sur Internet et les réseaux sociaux. Une idée que partage Amar Lasfar : "Pourquoi persister à chercher dans les mosquées alors qu’on connaît les coupables et qu’ils ne se sont pas radicalisé dans les mosquées ?".

Taggé comme: , Commentaires