L'oeil de Jeremy

25Août/16Off

10 milliards pour les réfugiés Syriens

Angela Merkel et David Cameron, premiers donateurs, à Londres, mercredi. Berlin a promis 2,5 milliards de dollars quand Londres a ajouté 1,7 milliard, doublant son engagement. Au lendemain de l'interruption des pourparlers de paix de Genève, la communauté internationale s'engage à accroître l'aide humanitaire à la Syrie. Des programmes en faveur de la santé, de l'éducation et de l'emploi. La communauté internationale s'est penchée, jeudi à Londres, sur la situation humanitaire de la Syrie au lendemain de la suspension des pourparlers de paix de Genève. À l'invitation de David Cameron et d'Angela Merkel, sous l'égide des Nations unies, une soixantaine de pays représentés étaient appelés à doubler leur aide au pays en guerre et à ses voisins (Turquie, Jordanie, Liban) affectés par l'afflux massif de réfugiés. Plus de dix milliards de dollars ont été promis au total (dont 6 pour cette année), le plus important montant jamais réuni en une journée en réponse à une crise internationale. En comparaison, seule la moitié des fonds nécessaires avaient été levés l'an dernier, encourageant la misère dans les camps de réfugiés et les migrations vers l'Europe. David Cameron a salué une «journée d'espoir». Berlin a montré l'exemple en promettant 2,5 milliards de dollars. Londres a ajouté 1,7 milliard, doublant son engagement. Paris et Washington ont annoncé près d'un milliard chacun. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déploré l'abandon des discussions de Genève, «le manque continu d'accès humanitaire et un accroissement soudain des bombardements aériens». Les frappes russes ont fait 1400 victimes civiles en quatre mois, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Entre 60.000 et 70.000 réfugiés sont en train de fuir ces bombardements sur la ville d'Alep pour se diriger vers la frontière turque, a prévenu le chef du gouvernement d'Ankara, Ahmet Davutoglu. «Mon esprit n'est pas à Londres mais à notre frontière: que faire de ces gens nouvellement arrivés de Syrie? a-t-il interpellé. 300.000 personnes vivant à Alep sont prêtes à partir vers la Turquie.» Le pays accueille déjà 2,5 millions de réfugiés syriens. Pour l'aider à faire face, l'Union européenne a débloqué une aide de 3 millions d'euros promise depuis des mois, en contrepartie d'un engagement des autorités à freiner les départs de réfugiés vers l'Europe. Pour cela, il faut accroître les moyens sur place. Quelque 4 millions de Syriens sont partis en exil depuis le début du conflit, auxquels s'ajoutent 6 millions de déplacés à l'intérieur du pays. «Nous avons atteint notre limite», a alerté le roi Abdallah de Jordanie, qui consacre à l'accueil de plus d'un million de réfugiés un quart de son budget national. Avec le Liban et la Turquie, il s'est engagé à poursuivre ses efforts envers la population déplacée. Il ne suffit pas «de signer un chèque tous les deux ans mais il faut arrêter le flux de réfugiés et mettre fin à la guerre», acquiesçait le secrétaire d'État américain John Kerry. Angela Merkel a promis de contribuer à la moitié du budget de l'aide alimentaire nécessaire, la faim étant responsable selon elle du départ de migrants vers l'Allemagne. Outre l'aide humanitaire, les fonds réunis serviront à mettre en place des programmes de santé, d'éducation et de réinsertion professionnelle des personnes déplacées, pour éviter la création d'une «génération perdue».