L'oeil de Jeremy

22Déc/16Off

Les enfants invisibles

La psychologue américaine Mary Aiken travaille sur un algorithme qui viendrait en aide aux enfants victimes de cyber-harcèlement, et à leurs parents. Communiquer avec ses amis sur Facebook, regarder des vidéos sur YouTube, jouer à des jeux en ligne... Une étude établie entre 2011 et 2014 par le groupe de recherche EU Kids Online a interrogé des enfants issus de vingt-deux pays européens et de cultures différentes concernant leurs pratiques sur le web. Tous évoquent ces activités en ligne a priori banales pour des enfants. Sauf, qu'officiellement, il est interdit à un mineur de moins de treize ans d'avoir un compte Facebook. Même règle pour détenir un compte sur Google (propriétaire de YouTube) –à l'exception de l'Espagne et la Corée du Sud où c'est 14 ans, et du au Pays-Bas (16 ans)–, ou sur Instagram (qui appartient à Facebook). Des chiffres qui inquiètent la cyber-psychologue Mary Aiken de l'Université de Dublin. Dans un extrait de son livre The Cyber Effect publié sur le site du magazine The Atlantic, cette spécialiste des pratiques sur internet s'interroge: «Selon une étude américaine, un quart des enfants interrogés se disent utilisateurs de Facebook, bien que ce réseau social soit destiné aux adolescents et aux adultes. Ce sont les utilisateurs cachés des réseaux sociaux, ceux qui ne sont pas supposés être là, mais qui le sont néanmoins. Je les appelle "les Invisibles". Et ça ne concerne pas que ceux qui ont 11/12 ans: 34% des utilisateurs de Facebook interrogés par les chercheurs de l'étude américaine sont âgés de 8 à 10 ans. Dans l'étude de l'EU Kids Online, un quart des 9/10 ans et la moitié des 11/12 ans utilisent également Facebook. Et quatre enfants sur dix mentent sur leur âge.» L'auteure se demande alors si Facebook a la possibilité de supprimer les comptes des enfants. Évidemment, avec près d'1,65 milliard d'utilisateurs actifs, il semble complexe de surveiller systématiquement chaque compte. Mais, précise Mary Aiken, un enfant qui poste des photos de lui et de ses amis sur Facebook permet de donner l'alerte: «Si vous ne devinez pas que ces utilisateurs sont des enfants, vous n'êtes pas très malins.» Mary Aiken souligne enfin que ces (trop) jeunes internautes sont exposés en permanence aux dangers lié au cyber-harcèlement. Danger qui concerne tout particulièrement ce public, vulnérable et naïf. Elle propose à ce sujet de créer un algorithme pour détecter les enfants en danger et prévenir leurs proches: «Des algorithmes sont créés pour identifier ou estimer des données très complexes, comme par exemple l'âge, le sexe, l'opinion politique et le niveau d'éducation d'un utilisateur de Twitter. Est-ce que ce serait si dur de créer un algorithme pour identifier des comportements inappropriés, ou des cas de harcèlement en ligne ? (...) Je travaille avec une compagnie pour mettre au point un algorithme Aiken. (...) Cet algorithme sera programmé pour détecter automatiquement des messages de cyber-harcélement. Il enverra immédiatement un message de prévention à la victime en lui disant: “Vous avez besoin d'aide. Vous êtes harcelé.” Et une alerte sera également envoyée aux parents ou responsables légaux pour les avertir que quelque chose de grave est en train de se produire pour les encourager à en parler à leur enfant.»

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22Déc/16Off

Le unboxing

Les vidéos de déballage de produits en tout genre se sont multipliées sur la plateforme de vidéos YouTube ces dernières années. Focus sur ce phénomène de fascination. vous aussi, vous avez déjà ressenti cela. Cette légère excitation au moment de déballer un beau produit tout neuf, qui vous aura un peu ruiné. Rassurez-vous, vous êtes des millions dans ce cas-là. Il y a même bien pire que vous. Depuis quelques années, on peut assister à un phénomène grandissant sur la plateforme de vidéos YouTube : le "unboxing", ou "déballage" en français, est un genre de vidéos dans lesquelles des personnes se filment en train de déballer les produits qu'elles viennent d'acheter. Le phénomène propose un spectre d'une largeur quasi-infinie : du déballage du dernier burger McDo aux jeux vidéo, du déodorant au sac Vuitton. Vous pouvez faire le test : tapez le nom de n'importe quelle marque sur YouTube suivi de "unboxing", il y a de fortes chances pour vous tombiez sur une vidéo de déballage. Cet acte, parfaitement banal et prosaïque, d'ouvrir un paquet, devient un moment d'extase pour le consommateur. Et le succès est exponentiel, comme en atteste ce graphique recensant le nombre de recherches Google où le mot "unboxing" est mentionné : Comme on peut l'observer, le nombre de recherches associée au terme "unboxing" connaît des pics réguliers : ils correspondent pour la plupart aux mois de novembre, décembre et janvier. Pas un hasard, puisqu'ils correspondent aux semaines qui précèdent et succèdent à Noël, où la consommation des ménages monte en flèche. Alors quelles sont les clés du succès de ces vidéos qui cumulent souvent plusieurs millions de vues ? D'après une étude réalisée par Google – qui détient YouTube – en 2014, c'est ce sentiment d'anticipation ressenti lors du déballage qui est responsable de cet emballement. Une manière également d'avoir un aperçu du produit avant un éventuel achat. Une préoccupation déjà existante à laquelle le "unboxing" a juste répondu, selon Nicolas Glady, professeur à l'école de commerce ESSEC interrogé par le site Slate : "l'unboxing n'est que la prolongation de ce qui se faisait avant, à savoir des gens qui partagent leur passion, comme lorsqu’on invitait un copain dès la réception d’une nouvelle console. Avec Internet, c'est la même chose mais à une autre échelle". L'autre explication est plus subtile: ce serait le côté émotionnel de l'acte de déballage. Vous savez, cette excitation que vous ressentiez lorsque vous ouvriez vos cadeaux au pied du sapin. C'est ce que l'on appelle le "christmas effect". Pour les biens de luxe notamment, ce côté émotionnel est primordial. Pour cette raison, les marques mettent un point d'honneur à soigner le "packaging" du produit, c’est-à-dire son emballage.

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